Éditorial : Le Sahel, pivot d’un destin sécuritaire partagé entre l’Afrique et l’Europe

Éditorial : Le Sahel, pivot d’un destin sécuritaire partagé entre l’Afrique et l’Europe

La région du Sahel est aujourd’hui au cœur des enjeux géostratégiques et sécuritaires mondiaux. Bassirou Diomaye Faye, conscient de cette réalité, exhorte l’Europe à intensifier son soutien dans la lutte contre le terrorisme qui ravage cette vaste zone sahélienne. Son appel résonne comme un cri d’alarme, rappelant que « l’Afrique et l’Europe ont un destin sécuritaire lié ». Mais au-delà des mots, il est impératif de saisir l’ampleur de cette interdépendance.

 

Le Sahel est devenu, au fil des années, un foyer de tensions où les groupes armés extrémistes prolifèrent, profitant de la fragilité des États et des conflits internes pour imposer leur loi. Ce contexte d’insécurité n’est pas sans conséquences pour l’Europe. En effet, les attaques terroristes, les flux migratoires incontrôlés et la montée de l’extrémisme en Afrique impactent directement le vieux continent. Les attentats perpétrés sur le sol européen, revendiqués par des groupes terroristes, trouvent souvent leurs racines dans des bastions sahéliens. 

 

Dans ce contexte, il est illusoire de croire que l’Europe peut se permettre de rester en retrait. L’aide apportée jusqu’à présent, bien que louable, demeure insuffisante face à l’ampleur de la menace. Il est temps pour l’Europe de prendre conscience que la sécurité du Sahel est intrinsèquement liée à la sienne. Les efforts doivent être redoublés pour renforcer les capacités des États sahéliens à lutter efficacement contre le terrorisme. Cela passe par une assistance militaire accrue, un soutien financier plus substantiel et une coopération renforcée dans le domaine du renseignement.

 

Mais au-delà de l’aspect militaire, la lutte contre le terrorisme au Sahel doit également prendre en compte les causes profondes de cette insécurité. La pauvreté, le manque d’accès à l’éducation, et les inégalités sociales sont des terreaux fertiles pour le recrutement par les groupes extrémistes. L’Europe doit donc accompagner les pays sahéliens dans leurs efforts de développement, en investissant dans l’éducation, la santé, et l’économie locale. Ce n’est qu’en offrant des perspectives d’avenir aux populations sahéliennes que l’on pourra réellement juguler la montée de l’extrémisme.

 

En réaffirmant l’idée que l’Afrique et l’Europe ont un destin sécuritaire lié, Bassirou Diomaye Faye rappelle une vérité que l’on ne saurait ignorer. Le Sahel n’est pas seulement une région lointaine affectée par le terrorisme; il est le miroir des vulnérabilités partagées entre nos deux continents. L’Europe, en intensifiant son soutien, ne fait pas seulement preuve de solidarité, elle agit dans son propre intérêt. C’est une question de sécurité collective, une responsabilité partagée pour un avenir commun plus stable et prospère.

 

Le temps n’est plus à l’hésitation. Si l’Europe souhaite réellement garantir sa sécurité, elle doit s’investir pleinement dans la stabilisation du Sahel. La coopération entre l’Afrique et l’Europe doit être érigée en pilier de la lutte contre le terrorisme. C’est le seul moyen de briser le cycle de violence qui gangrène cette région et de bâtir un futur où la sécurité ne sera plus un rêve lointain, mais une réalité partagée.

 

Franck Olivier/Colombe média

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *