DES RUES DE OUAGADOUGOU AUX SCENES DE NEW YORK:Kabéric et son combat pour la culture burkinabè
Dans une interview exclusive avec Kabéric, de son vrai nom Eric Kaboré, nous avons plongé dans le récit captivant d’un artiste qui mêle habilement danse, musique et chorégraphie pour représenter avec fierté la culture burkinabè aux Etats-Unis. De ses modestes débuts dans les groupes de danse locaux à sa nomination prestigieuse aux Kundé dans la catégorie Diaspora, Kabéric nous emmène dans son voyage artistique marqué par des moments clés, des défis et une détermination inébranlable. A travers ses récits, Kabéric dévoile son engagement à promouvoir la richesse de la culture burkinabè à l’étranger. Lisez plutôt !
Le Quotidien : Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours artistique et comment vous en êtes arrivé à la musique et à la chorégraphie ?
C’est en 1998 que j’ai commencé la danse à l’école, et en 2001 j’ai intégré le groupe de danse Espoir de Pissy. Par la suite, j’ai rejoint Scorpion de Pissy, dirigé par Michel Neya de Génération 2000, où je me suis formé en danse moderne pendant toutes ces années. Toujours en quête de connaissances, j’ai intégré la Troupe du Musée de Musique en danse traditionnelle. En 2006, j’ai été sélectionné en tant que danseur pour le Ballet National, avec lequel j’ai travaillé pendant 11 ans. J’aimais beaucoup chanter et j’ai intégré l’orchestre municipal dirigé par Abdoulaye Cissée. En 2006, j’ai participé à des concours de chant tels que « Talent des Jeunes », « Case Sanga », « Cocktail Nouvelle Star », « Jeune Talent Hip Hop » et « Hymne en Rythme Ouaga FM ». J’ai remporté deux concours et obtenu de bons classements dans les autres. C’est là que j’ai sorti mon premier album « Duuni Viim » produit par Green Stone Record en 2012, et mon deuxième album « Ma Vision » en 2016.
Quels sont les moments clés de votre carrière jusqu’à présent ?
Les moments clés de ma carrière ont été en 2006 avec les prix remportés, cela m’a donné plus de confiance en moi. En 2012, lors du lancement de mon premier album « Duuni Viim ». En 2016, avec l’expérience de mon deuxième album « Ma Vision ». En 2017, lors des multiples prestations à New York City, quelques moments forts et l’aventure continue.
Comment vous sentez-vous après avoir été nominé pour le Kundé d’Or dans la catégorie diaspora ?
Un sentiment de joie et de fierté. Quand tu travailles dur et que tu vois ton nom dans la cour des grands, tu ne peux que rendre gloire à Dieu pour cela. J’essaie de promouvoir depuis un certain temps notre musique du terroir, et cette nomination va amener plus de jeunes à croire en notre patrimoine culturel.
Quels sont les enjeux pour vous en tant qu’artiste burkinabè vivant aux États-Unis ?
Les enjeux sont énormes ici aux Etats-Unis, mais l’objectif est clair : faire découvrir ma musique, mon warba, ma culture ici, car c’est ce que je connais le mieux et ce que j’aime. Je suis toujours sollicité pour des cours ou des spectacles dans de grands festivals parce que l’originalité est là. Le manque de soutien, je dirais un peu moral, de certains Africains pendant ces événements est remarquable, mais là je comprends. Pour moi, ce combat continue pour notre musique d’inspiration traditionnelle.
Pouvez-vous nous parler de votre combat pour la valorisation de la culture burkinabè à l’étranger ?
Oui, le combat est très grand. Je donne des cours de danse dans les écoles primaires et universités depuis que je suis ici aux Etats-Unis. Tous mes spectacles sont toujours basés sur la culture burkinabé. J’ai eu la chance de me produire sur de grandes scènes pour présenter ce que nous avons de cher. J’ai pu faire des collaborations avec des artistes d’ici sur scène, tels que Kyle Dillingham, Jaharuba, Mari and Louise, Steve Maclean, Tyler Williams…
Quels sont vos projets futurs en tant qu’artiste ?
Pour les projets futurs, il y a un single qui est prêt à sortir. Si tout va bien, ce sera après les Kundé. De plus, je suis en train de travailler sur mon premier livre de danse.
Comment voyez-vous votre contribution à la scène artistique burkinabè et à la diaspora ?
Bon, on dit que ce n’est pas bien de trop parler de soi, mais avec ce que j’ai en tête, j’essaie de le transmettre au mieux à travers la danse, la chorégraphie et ma musique. A chaque fois, cela est beaucoup apprécié, et pour moi, le combat continue.
Etant à l’extérieur, quel est ton regard sur la musique burkinabè aujourd’hui, notamment son évolution, les talents, les créations ?
La musique burkinabè a beaucoup évolué et c’est formidable, mais il ne faut pas oublier l’inspiration du terroir. Encourageons vivement les artistes qui s’inspirent du terroir. Sinon, se coucher sur la natte de quelqu’un d’autre, c’est se mettre à terre seulement. Donc, ne négligeons pas notre patrimoine.
Vous avez eu la chance de jouer dans des scènes aux USA, et vous donnez même des cours. Quelle est l’appréciation que les Américains font de la musique burkinabè ?
Beaucoup apprécient, c’est pour cela que l’inspiration du livre est née. Après chaque semestre, ce que les étudiants notent des cours est énorme, et là je me suis dit que si je n’écris pas pour encourager encore les élèves et les étudiants à apprendre leur danse au Burkina, un jour ou l’autre, ils vont parcourir des kilomètres pour apprendre. Donc, le travail continue.
Dans la catégorie où vous êtes nominés, il y a des grands noms notamment Martin N’tery. Pensez-vous avoir votre chance?
Effectivement, il y a le grand frère Martin N’tery qui est également nominé, mais je pense que je pourrais avoir la chance. C’est Dieu qui décide. Sinon, c’est un grand artiste que j’admire et que je respecte. Il représente une école pour moi.
Interview réalisée par Daouda KINDA
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